Traduction en Français de l’ article de Docvale paru sur www.kinbakutoday.com : One way onto kinbaku
Un cheminement dans le kinbaku :
Pour expliquer comment tout a commencé, il me faut repenser à l’époque qui a précédé les cordes. J’étais simplement curieux à propos de BDSM et ne connaissait absolument rien concernant ces pratiques. Probablement plus intéressé par le mécanisme intellectuel lié à la domination, je trouvais la plupart de ces dernières trop dures pour y jouer. C’est alors que j’ai découvert mes premières images de bondage japonais avec des cordes, il n’y en avait que peu sur le web à ce moment là, et j’ai immédiatement pensé que c’était doux, sensuel mais particulièrement difficile à apprendre. En réalité, je suis tombé amoureux des cordes, mais étais incapable d’imaginer les pratiquer en profondeur. J’ai alors passé quelques temps à bricoler avec quelques cordes, à mélanger le bondage western et le japonais, en bref à faire n’importe quoi. Progressivement de plus en plus de photos et de vidéos ont fait leurs apparitions sur internet et même si je n’y comprenais pas grand-chose, mon esprit s’est enfoncé de plus en plus profondément dans les cordes.
Il me faut maintenant revenir à ce que je considère comme étant mes premiers pas et à un facteur déterminant de mon évolution. Il s’agit la rencontre avec ma muse, une personne aussi attirée que je l’étais par le bondage japonais avec des cordes. Nous nous sommes découvert, chacun de notre coté des cordes, une véritable passion pour celles-ci.
Dès lors nous avons appris et progressé ensemble, développant petit à petit nos techniques et essayant de plus en plus de choses. Il n’existait pas tellement de tutoriaux, de livres ou encore de workshops à ce moment là. L’apprentissage pour nous, résultait de l’étude acharnée des quelques vidéos de performances que nous avions pu trouver sur internet. Les décortiquant pas à pas, essayant de comprendre point par point, en quête de sécurité, nous avons avancé à force de feedbacks, améliorant petit à petit ce dont nous étions capables.
Nous avons continué à nous entrainer de manière intensive, et rapidement, au fur et à mesure des semaines, avons fait des suspensions avec de plus en plus de transitions. Cependant, très rapidement, nous sommes confrontés à des limites importantes ; il était temps de devenir plus précis au niveau des tensions, des structures et du positionnement des cordes.
Les mois se sont enchainés en travaillant dans cette direction et c’est là qu’un nouveau feeling a fait son apparition… En regardant les sessions d’amis plus expérimentés, nous avons réalisé qu’il manquait quelque chose de crucial dans nos cordes. Il nous était difficile à ce moment de comprendre quoi, nous avons donc décidé de prendre notre deuxième cours privé. Ce qui en est ressorti, c’est la « connexion » attacheur-attaché, l’objectif ne se limitait plus à la simple recherche esthétique des figures, mais il fallait dès lors amener la personne à faire un beau voyage dans les cordes.
Ce que j’avais pu voir dans les cordes des autres avait marqué mon cœur et mon esprit. Aussi bizarre que cela puisse paraître, ce moment à marqué le début d’une longue et étrange période. Je pouvais ressentir la connexion, mais étais absolument incapable d’en créer les vibrations.
Avec le temps qui passait, mes cordes étaient toujours loin de ce que je pouvais ressentir et expérimenter. Cela était plutôt agaçant, mais nous avons persévéré en nous focalisant sur la manière d’accroître l’intensité de ce que nous partagions.
Avec un peu de recul aujourd’hui, il me semble que contrairement à ce que je pensais à ce moment là, je n’avais pas encore trouvé mes réponses. Pour autant c’est à ce moment là que j’ai découvert ce qui me semble avoir été un nouveau départ dans ma propre découverte du kinbaku: le bondage de torture avec les cordes, semenawa.
L’objectif a de nouveau changé. On ne considérait plus seulement l’esthétique des cordes et la connexion, elle se devait d’être plus globale dans la position du corps, dans la contrainte et dans les émotions. La connexion ne se limitait plus seulement d’un simple voyage dans les cordes, il fallait aller chercher les émotions au plus profond de la personne attachée pour les lui arracher, les faire ressortir, les exhiber. Le semenawa est un jeu d’exposition, pas seulement du corps, mais aussi de l’état psychologique. Très probablement est-ce une forme de voyeurisme, mais j’aime observer le corps et l’esprit mis à nus. Comme un cercle vicieux dans lequel on crée une souffrance physique et psychologique, plus cette souffrance est intense plus il est possible de repousser les limites du corps et de l’esprit.
J’ai à ce moment là ressenti le besoin d’un nouveau cours, et comme celà c’était déjà produit auparavant avec la « connexion », à nouveau… je pouvais ressentir, mais incapable de mettre en pratique. Comme tout le monde peut le deviner, au début je n’avais absolument rien compris, bien que convaincu du contraire à l’époque. C’était, là à portée de mon esprit, mais impossible de le libérer de la bonne manière. Mes cordes sont devenues plus dures, mais pas de la meilleure des manières.
Quand j’analyse cette période aujourd’hui, je me rappelle d’une énergie vraiment négative, utilisant les cordes comme un exutoire de brutalité et d’agressivité. A faire de mon kinbaku une sorte de revanche sur les problèmes du quotidien, au lieu d’utiliser son intensité pour transformer ces mauvaises vibrations en une intense force positive et partagée avec ma muse.
Cela a pris des mois avant que nous ayons une grosse discussion avec Tyka. Ce qui en est ressorti nous a permis de repartir sur de bonnes bases dans notre compréhension réciproque et dans le partage qui en a découlé.
Quelque mois après, j’ai eu la chance de tomber sur une fantastique petite vidéo, c’était une session très simple de semenawa, exécutée par le maître de cette école de kinbaku. Je suis toujours incapable d’expliquer vraiment ce qui c’est passé, mais mon ressentit aujourd’hui, c’est que ça a été une révélation. Tout ce que mes amis avaient tenté de m’expliquer auparavant à propos de la connexion et du semenawa est devenu presque limpide.
C’est n’est pas très évident à admettre, alors même que cela était là, juste à portée de mon esprit et que mes amis ont essayé de me l’expliquer. Probablement n’étais-je tout simplement pas prêt. Ce qui a vraiment changé depuis, c’est cette sérénité dans mes cordes recherchée depuis tellement longtemps.
Tyka et moi prenons, maintenant, un plaisir dans les cordes que nous n’aurions jamais imaginé depuis notre rencontre. Cela marque le début d’une nouvelle période de progrès dont nous ne sommes surement qu’aux prémisses.
Il est très difficile de savoir quels seront les prochaines étapes de notre évolution. Mais ce que je peux dire à l’heure actuelle en prenant un peu de recul sur nos cordes depuis leurs débuts, c’est que nous ressentirons surement l’envie de nous aventurer sur de nouveaux chemins, que très probablement j’ interpréterais tout un tas de choses de travers, avant de les approfondir et d’en avoir une meilleure compréhension.
Le parcours dans le kinbaku consiste en une perpétuelle remise en cause à propos de qui nous sommes, de ce que nous faisons, de comment et pourquoi nous le faisons, et enfin d’avec qui nous le faisons. Cela demande une grande humilité afin de se remettre en question en permanence.
Plonger de plus en plus profond dans le kinbaku est une quête sans fin très personnelle que nous considérons comme une intense et tumultueuse aventure humaine.
Docvale.